La propagation du virus au sein des établissements pour personnes âgées dépendantes s’est rapidement intensifiée au cours des mois de mars et avril en raison du manque de moyens pour y faire face. Les aides-soignants et les infirmiers sont également en insuffisance dans ces résidences seniors, et le personnel avait déjà alerté à ce sujet au tout début de l’épidémie. Les proches des résidents d’EHPAD décédés ont d’ailleurs porté plainte à ce sujet, en plus du manque de transparence en ce qui concerne la publication des bilans en temps réel.
Manque de moyens dans les EHPAD
Les équipements de protection individuelle pour les soignants en première ligne ont cruellement fait défaut dans ces établissements seniors. En attendant l’arrivage de ces EPI, la réutilisation des équipements après stérilisation a donc été la seule issue pour la majorité de ces derniers, comme les surblouses et autres EPI lavables et réutilisables.
Le personnel soignant a également signalé que les tests sont en nombre insuffisant et que les cas contaminés sont par conséquent détectés tardivement, ayant pour conséquence l’augmentation significative non seulement des patients à traiter mais aussi des décès. En attendant la mise à disposition de tests de dépistage en masse, les EHPAD ont dû isoler les cas suspects présentant des signes éventuels du Covid-19.
Ces résidences pour personnes âgées sont fort heureusement venues à bout de cette pénurie d’équipements, toutefois au bout de plusieurs semaines d’attente et d’angoisse. Les agences régionales de santé ont d’ailleurs mis en place une procédure définie en ce qui concerne la gestion des équipements dans les EHPAD, à savoir l’émission des commandes avant même la rupture de stock.
Manque de personnel dans les résidences seniors
L’insuffisance d’effectif a également été déplorée par le personnel de santé, carence qui a elle aussi été signalée bien avant la propagation du virus. En plus de travailler d’arrache-pied de jour comme de nuit, les soignants et l’ensemble du personnel paramédical sont menacés de contamination. Certains ont même contracté le virus sur leur lieu de travail en raison de ce manque de moyens de protection cité plus haut, qui les empêche d’accomplir correctement leur travail, ce qui leur contraint d’être à l’arrêt momentané.
Les renforts sont cependant déployés en masse suite à cet appel de détresse émanant non seulement des EHPAD mais aussi des établissements hospitaliers. Ainsi, les professionnels de santé bénévoles et volontaires sont intervenus : il s’agit par exemple des étudiants en médecine, des stagiaires et des jeunes diplômés ou encore des retraités, tous mobilisés pour soutenir le système de santé pendant toute la période de l’état d’urgence sanitaire décrétée. Les professionnels de santé affectés dans les hôpitaux militaires sont également déployés dans certains établissements seniors et hospitaliers les plus fragilisés.
Par ailleurs, les EHPAD peuvent directement émettre leurs besoins en renforts auprès de l’agence régionale de santé par rapport à la région où il est situé.
Les ravages auraient-ils pu être évités à temps ?
Selon le personnel médical de ces établissements de logement pour seniors, les ravages auraient pu être évités si les kits de détection et les tests étaient immédiatement disponibles au tout début de l’épidémie. En effet, une fois le virus ayant atteint ces résidences pour personnes âgées, la propagation s’est rapidement répandue en raison de la fragilité des résidents et de leur faible système immunitaire. Les décès ont d’ailleurs augmenté en flèche et les chiffres enregistrés représentent environ la moitié des décès comptabilisés en France. Selon Le Monde, plus de 13 000 décès sont ceux des seniors en EHPAD et dans les maisons de retraite, sur un total d’environ 26 000 sur l’ensemble du territoire. Ces décès incluent aussi ceux des seniors transférés dans les hôpitaux.